Autonomie alimentaire : combien de m² pour nourrir sa famille

La production de légumes réclame énormément d’eau… contrairement à ce que prétendent certains toutoulogues sur les réseaux sociaux, qui vendent l’idée de potagers abondants cultivés sans eau. Un toutoulogue est un expert en tout, toujours très sûr de lui, et incollable sur tous les sujets. Les médias et les plateaux TV sont son terreau, il s’en nourrit, il les nourrit, or un cultivateur de légumes s’appelle un maraîcher dans la vraie vie : « un maraîcher est un jardinier cultivant un marais à l’intérieur ou à proximité de l’enceinte d’une ville, » dit le dictionnaire.

On disait aussi maréchais et ou marager : « C’est le jardinier qui, dans les grandes villes, s’attache à la culture des plantes potagères. C’est dans les lieux les plus bas et les plus humides des environs des villes que ces sortes de jardiniers ont établi leurs jardins. » Le Littré.

Nota bene. Les légumes ne représentent qu’une petite partie de notre alimentation, en comparaison avec les céréales, les huiles, les sucres, les produits laitiers et, éventuellement, la viande et le poisson.

La plante boit pour se nourrir, réguler sa température, faire circuler ses liquides et capturer le dioxyde de carbone pour le transformer en glucose. Elle est assignée à boire et, si elle manque d’eau, elle stresse parfois jusqu’à rendre l’âme. Elle peut vivre avec très peu, comme un animal peut survivre avec la peau sur les os, mais perd alors sa fonction nourricière. Beaucoup rêvent d’une agriculture sans eau ajoutée, alors que l’irrigation est sûrement née avec l’agriculture. Certains prédicateurs agricoles soutiennent qu’on pourrait leur « apprendre » à en boire moins… mais moins elles en boivent, plus leur respiration est lente, et leur développement affecté…/…

Certains végétaux absorbent de colossales quantités d’eau. Par exemple, un chêne de 100 ans dans un sol humide en consomme plus d’une tonne par jour et par temps chaud ! Cette tonne d’eau, il doit la pomper dans le sol avant d’en relarguer plus des trois quarts dans l’atmosphère sous forme de vapeur d’eau. En effet, n’ayant ni moteur ni cœur, c’est en transpirant le jour que les plantes font circuler leur sève des racines à leurs feuilles. La transpiration fait l’effet d’une pompe aspirante. La nuit ou pendant l’hiver, à l’image de la vigne, du kiwi ou du noyer, qui pleurent quand on les taille au mois de mars, c’est la pression racinaire qui agit comme une pompe immergée pour refouler la sève vers le haut de la plante. Extrait de mon prochain livre à paraître fin janvier aux éditions Hulmer : NE TIRONS PAS LA CHASSE – Nos déjections au secours des sols.

50 personnes pas hectare

Comme un miracle, il y a l’agriculture chimique qui nourrit en moyenne 50 personnes par hectare ! Mais au prix d’atteintes à l’environnement considérables et irréversibles à l’échelle humaine. 50 personnes ! En effet, vu que les besoins énergétiques d’un adulte sont de 500 g de céréales par jour, eu égard aux rendements moyens en maïs (10 T/ha) et en blé de (8 T/ha), une simple règle de 3 met en évidence que 180 m² de maïs suffiraient à nourrir une personne pendant une année, contre 230 m² de blé ! Il faut juste accepter de bouffer tous les jours de la polenta… En bio, les rendements étant nettement inférieurs, il faut tripler la surface.

Toutoulogie

En conclusion, 4 à 5 personnes à l’hectare

Cette semaine, un journal pour les petits québécois a parler de mon travail : « En France, un agronome aime tellement les vers de terre qu’il milite depuis 10 ans pour créer une loi qui les protégerait. Selon lui, la nature, le climat et les humains s’en porteraient bien mieux. Étrange, tu penses ? Lis cet article et tu comprendras son combat ! »


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