L’étonnante parade nuptiale du ver de terre commun

En aparté, la science ne distinguait pas jusqu’en 1826 les différentes espèces. Toutes étaient appelées lombrics terrestres : Lumbricus terrestris Linnaeus, 1758 ! Et Lumbricus humanus quand il s’agissait de vers intestinaux ; qui n’ont strictement rien à voir. En 1826, une autre espèce est distinguée : Eiseniella tetraedra (Savigny), un ver d’eau (aquatique) communément appelé : ver à queue carrée (source). C’est curieux, car un annélide n’a pas de queue, contrairement à un reptile !

Pendant ce temps-là, notre lombric terrestre, seul ver de terre à avoir la « queue » plate, a plusieurs fois changé de nom : Lumbricus agricola, Hoffmeister (1842) ; Lumbricus americanus, Perrier (1872)… pour revenir à son premier nom. Un amalgame toujours en cours, puisque la classification actuelle ne distingue toujours pas les vers de terre des vers aquatiques ! 5 755 espèces et sous-espèces de terre et d’eau sont référencées, dont 4 400 pour les seuls vers de terre (source).

Le ver est un gai luron qui a compris que les deux sexes ont leurs mérites et leurs plaisirs spécifiques. L’accouplement homosexuel entre mâles est ce qu’il a choisi, mais sans pour autant se priver des joies et de la plénitude de la maternité. Et ne va pas croire qu’il n’en est pas conscient ! Ton ami Darwin, qui l’a tant observé, a bien compris tout ce qu’il fait avec ce cerveau pas plus gros qu’une tête d´épingle. Et le ver doit bien rigoler de voir ce que nous faisons avec cette grosse cervelle que l’évolution nous a mise dans la tête.

Il faut reconsidérer le plaisir animal

Le professeur Lavelle : « Reste les endogés à la vie sexuelle plus sobre. Je comprends que tu préfères les anéciques, plus spectaculaires, sexy et communicateurs, comme ton lombric terrestre, mais l’endogé est un gros bosseur, humble et dur au mal. Il y a par exemple une espèce dans les savanes humides de Lamto, en Côte d’Ivoire, le Dichogaster terrae nigrae, qui mesure pas loin d’un mètre de long à l’état adulte et qui vit entre 10 et 40 cm de profondeur dans le sol. Jamais plus de 2 individus par m², plus souvent un seul dans 5 m2… Et pourtant on retrouve leurs cocons, en moyenne deux produits par an et par adulte. Et comme ils s’accouplent dans le sol, tu imagines le problème pour repérer dans un espace compact à 3 dimensions un mâle adulte disponible… et qui en plus lui plaît ! Et où chacun doit creuser de son côté jusqu’à faire galerie commune !
Des auteurs suggèrent que certains ne s’accoupleraient pas, dispersant dans le sol des spermatophores, petits granules visqueux bourrés de spermatozoïdes, que les vers de terre récupéreraient pour se féconder. Mais c’est pareil, comment font-ils pour les repérer et les utiliser ? Mystère total ! »

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