Il y a une réelle volonté politique de ne préserver ni les vers de terre ni leur habitat en les maintenant hors du cadre légal.
De droite comme de gauche, tous les gouvernements successifs sont sur cette ligne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un point de vue partagé par le monde agricole et son syndicat majoritaire, puisque la préservation des vers de terre impliquerait de revoir le modèle agricole dominant : itinéraires techniques, outils et protocoles d’homologation des pesticides. Les freins sont là. En amont, les multinationales des engrais, des pesticides, des semences et du matériel agricole sont le cerveau de ce système de freinage.
L’image des vers de terre est juste utilisée à des fins de marketing par l’État et les multinationales pour continuer à creuser le même sillon. Un leurre pour donner l’illusion du changement comme on relooke la façade d’une boutique sans en changer le fond de commerce. Et pour lustrer l’illusion, on peut lire sur le site du ministère de l’Agriculture : « Étrange et injuste destin, pourtant, que celui de cet être minuscule, regardé à tort avec un peu de répulsion, ou, au mieux, d’indifférence. » Injuste destin… écrivent ceux qui ont sa destinée entre les mains.
L’avenir des vers de terre sera politique ou ne sera pas
Titre de ma tribune publiée le 29 juin dans Marianne. LIRE. Et qui se termine ainsi :
Voyons-nous le ver de terre autrement que comme un être placé très bas dans l’échelle des êtres organisés ? Un animal inférieur à un insecte comme l’abeille : gluant, moche et préjugé coupable par notre imaginaire. Le seul usage que l’on ait fait des vers de terre jusqu’au XIXe siècle, outre de les utiliser comme appât pour la pêche, c’était de les réduire en poudre pour soigner les blessures ou la jaunisse. En 2024, ce n’est guère mieux : nous les réduisons au néant.
Gardons les pieds sur terre
De même qu’un insecte sur quatre est en France à l’origine de la plupart des fruits et graines, et que quatre cultures sur cinq ont besoin des abeilles, toutes ont besoin des vers de terre et des microbes souterrains. Si nous avions réellement conscience de l’importance de toutes ces petites bestioles diverses et variées, nous les préserverions. Or, sans état d’âme, nous coupons la branche sur laquelle repose l’unique source de notre alimentation ! Plus qu’un choix politique, la disparition des vers de terre est un choix civilisationnel.
Les vers de terre ont besoin d’agroécologie
Jamais je n’aurais imaginé, en écrivant cette tribune, qu’elle se retrouverait au cœur d’un séisme politique précipitant leur fin. Puisque 2 des 3 principales forces politiques en lice ce dimanche ont décidé d’en finir avec eux !
Cela ne veut pas dire que l’autre fera quelque chose pour les préserver, mais clairement les programmes politiques du président de la République et du RN sont éloquents à ce sujet : RIEN sur la préservation des vers de terre, des abeilles et de la biodiversité, RIEN sur le bien-être animal, la planète, le climat, la restauration de la nature, la préservation des sols, des forêts et des haies, l’agroécologie ou encore de la lutte contre la pauvreté. Au-delà de toute considération partisane, je déplore ce mépris, car les vers de terre et les abeilles ont besoin d’agroécologie pour survivre et ne pas disparaître.
L’actualité de la Ligue
![](https://www.lejardinvivant.fr/wp-content/uploads/2024/04/Ligue-de-protection-des-versdeterre.jpg)
Cette semaine, j’ai été interviewé par une journaliste de RFI. Pas de confusion, il s’agit bien de Radio France Internationale, la France Bleu mondiale, et non de la radio de la France Insoumise… Titre de son article : Les vers de terre, ces ingénieurs géniaux des sols.
Dans ce cadre, un autre intervenant affirme que « l’ensemble du sol repasse par le tube digestif des vers de terre tous les trois à cinq ans ». Cette information n’est pas scientifique et elle est aussi aventureuse que de dire que la totalité des océans passerait par les branchies des poissons tous les 10 000 ans.
De plus, affirmer que les vers de terre font remonter la fertilité à la surface des sols n’est pas mieux, car, en dehors de quelques espèces classées anéciques et épi-anéciques, la majorité des vers de terre ne sont ni tunneliers ni ne remontent à la surface : ils restent sagement dans leur « couloir de nage » en avalant la terre pour en digérer la matière organique.
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L’Éloge du ver de terre N°1 est épuisé et ne sera pas réédité ; le N°2 sera bientôt épuisé : en libraire ou dans notre boutique.
![](https://www.lejardinvivant.fr/wp-content/uploads/2023/03/Eloge-du-ver-de-terre-021.jpg)