Soyons lucides, l’État dit tout et son contraire. D’une part, il reconnaît le rôle essentiel des vers de terre dans la bonne santé des sols, mais d’autre part, il refuse de les préserver pour ne pas compromettre l’agriculture intensive ! Ce double discours est le sujet de ma tribune publiée vendredi dans le média Basta : LIRE
Au cœur de l’alimentation du futur et de la préservation des sols
Et dire aujourd’hui, comme le dit la Ligue de protection des vers de terre, qu’ils sont au cœur de l’alimentation du futur et de la préservation des sols, paraît trop simple, simpliste, simplet, surtout lorsque le ministre de l’Agriculture déclare que « c’est par l’innovation qu’on s’en sortira. » (source) C’était le 26 avril 2024. Et ce jour-là, il a placé le génie humain au dessus du génie de la nature. Quant au génie des vers de terre, il l’a relégué aux oubliettes… quand plus de la moitié des sols agricoles sont dégradés à des degrés divers à cause du génie humain.
Un mauvais génie qui a entraîné la dégradation de l’habitat des vers de terre, entraînant par ruissellement l’érosion des sols vers les cours d’eau. Mais pour le ministre, la solution, c’est le génie humain ! Un mois plus tard, il déclarait à l’occasion des discussions sur le nouveau projet loi d’orientation agricole à l’Assemblée nationale : « L’élevage industriel n’existe pas en France. » (source) No comment quand plus de 200 millions d’animaux domestiques sont élevés dans des fermes-usines en France, selon l’ONG Greenpeace (source). La France compte en plus de 3 000, et cet agrosystème exclut les vers de terre et les animaux élevés de leur habitat. En savoir +.
Des fermes-usines
Le mot « usine » peut choquer, mais il désigne littéralement un système d’organisation du travail et de la production tel qu’il est mis en œuvre dans une usine. Pour optimiser les cadences de production, les animaux sont parqués et les vers de terre boudés. Des animaux enfermés alors qu’une seule bouse de vache vivant dehors est une promesse de
fertilité qui fait vivre des quantités d’insectes et d’espèces, dont les vers de terre. Mais, paradoxe d’une législation trop laxiste, les produits vermifuges et insecticides présents dans les bouses sont aussi très toxiques pour ceux qui s’en nourrissent… (source)
L’avenir des vers de terre est politique
Il est politique, mais nous ne sommes pas prêts à l’entendre. De même que nous ne sommes pas prêts à entendre qu’une partie de notre alimentation transite par l’intestin des vers de terre avant de nourrir les plantes qui nous nourrissent. Ou bien qu’un insecte sur quatre en France est à l’origine de la plupart des fruits et graines que nous consommons, et qu’une bouchée sur trois passe avant entre les « mains » des abeilles. Quatre cultures sur cinq ont besoin d’elles, et toutes ont besoin des vers de terre et des microbes souterrains.
Si réellement nous avions conscience de l’importance de toutes ces petites choses, nous les préserverions. Question de bon sens. De même qu’un marin préférera avoir froid que de brûler la coque de son bateau en pleine mer pour se réchauffer ! Plutôt avoir froid que d’être refroidi… Or, il y a une réelle volonté politique de ne pas préserver les vers de terre en les maintenant hors du droit. Comme si le projet était de refroidir les générations futures.
Dans un État de droit, il faut être nommé dans la loi pour exister
Tant qu’on n’est pas nommée, on n’existe pas. A l’instar de la déforestation qui repose justement sur l’inexistence juridique de la Nature. Les vers de terre, leur habitat et les sols nourriciers ne sont pas nommés.
Illustration article : Lombric terrestre de mon jardin (Lumbricus terrestris)
Supplément
Tout est possible en « Absurdie », à l’exemple de ce titre de presse : « Des « lombriducs » pour sauver les vers de terre. » Inspirés des crapauducs et des écuroducs, des passages protégés souterrains ou aériens qui permettent aux animaux de traverser une route en toute sécurité, deux « lombriducs » ont été installés il y a quelques jours dans le parc Godron à Nancy ! (source). Des passages pour sauver des animaux aveugles et qui ne se déplacent qu’en ligne droite… Comment vont-ils trouver ces passages ? Peut-être aurait-il fallu commencer par le commencement, à savoir : pourquoi traversent-ils les routes ? LIRE
Des nouvelles de la Ligue de protection des vers de terre
Demain, lundi 10 juin, « La Terre au carré » sur France Inter sera consacrée aux vers de terre. Et nous y serons ☺️
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L’Éloge du ver de terre N°1 est épuisé et ne sera pas réédité ; le N°2 sera bientôt épuisé : en libraire ou dans notre boutique.