Dans l’ombre, sans bras, sans yeux, sans bruit — les vers de terre façonnent la lumière de nos printemps. Dans l’ombre des racines, ils tissent l’humus nourricier : tout commence par le bas, mais nous continuons à croire que la vie vient d’en haut !

Nous partageons avec ces invisibles d’être sortis ensemble de l’eau. C’était — à la louche — il y a 300 millions d’années ! Puis, nous avons survécu à l’enterrement des dinosaures ! Nous n’aurions jamais dû oublier que nous ne sortons pas de la cuisse de Jupiter, nous sortons juste de l’eau ! Nous n’aurions également jamais dû oublier que :

Sans vers de terre, pas d’oiseaux.
Sans sols vivants, pas de biodiversité.
Sans sols nourriciers, pas d’humanité.
Simple, basique, nous avons perdu les bases.
L’origine du monde est sous nos pieds.

Après Corcoué (44) et Challans (85) la semaine dernière, une nouvelle fois, salle comble jeudi dernier à la LPO du Limousin pour venir écouter un autre son de cloche sur les vers de terre !

Nous avons bossé cet hiver sur un nouveau concept basé sur des visuels pour sensibiliser à la cause des vers de terre. Certains appellent ça une conférence gesticulée… et c’est pas faux, parce que j’y gesticule beaucoup… Un moment où l’on apprend, l’on rit, l’on réfléchit ; et où je mêle expériences vécues, faits scientifiques et critique sociale. Finalement, je parle des vers de terre… pour parler de nous ! Notre futur dépend de leur avenir.

Surpris, le public découvre un monde pluriel, troublé par ce qu’il apprend et ce qu’il croyait savoir. Il apprend à aimer les vers de terre, car ce sont eux qui rendent la terre habitable. La conférence commence par un quiz « Amis ou ennemis » des vers de terre, et quel bonheur d’entendre dans le public : « Oh, non, pas lui... »

Le public prend du plaisir, et moi, je ne boude pas mon plaisir.

Il y a des questions auxquelles on n’échappe pas. Par exemple : que se passe-t-il si on coupe un ver de terre en 2 ? Ma réponse est tranchante : au mieux, ça fait un handicapé ; au pire, un mort, mais jamais 2 vers de terre.

Il y a aussi l’idée qu’il serait un insecte. Ma réponse : « Euh, non, un insecte a 3 paires de pattes, alors que le lombric terrestre en a 4 paires par anneau ! Résultat, il a plus de pattes qu’un mille-pattes… mais des pattes raides appelées soies, contrairement aux arthropodes qui les ont articulées ! » Mais cette idée ne date pas d’hier, comme il est expliqué sur le site web de l’Académie française :

Dans les Pensées, Pascal présente l’homme comme un « imbécile ver de terre ». Si nous cernons désormais mieux l’homme, nous ne connaissons guère plus le ver. Et force est d’avouer que la première édition de notre Dictionnaire ne nous est pas d’un très grand secours. Cet animal y est présenté comme un « Petit insecte rempant, qui n’a ny vertebres, ny os ».

Cela est confirmé à l’article Insecte, où on lit : « Se dit de plusieurs espèces de petits animaux qu’on croit moins parfaits que les autres. Les mousches, les fourmis, les puces, les vers, &c. sont des insectes. »

Un siècle plus tard, le Dictionnaire de Féraud ne dit rien d’autre : « Les vers, les fourmis, les mouches, les hannetons sont des Insectes. » Au xixe siècle, Larousse donne les causes de cette confusion : « Le mot ver n’a pas de signification précise dans le langage de la science moderne ; on l’appliquait autrefois, et dans la simple conversation on l’applique encore, à des espèces diverses qui n’ont, ou semblent n’avoir ni pattes, ni ailes, ni écailles, qui vivent dans la terre, dans les substances corrompues, dans les intestins de beaucoup d’animaux, et qui souvent ne sont que des larves d’insectes. »

Si nous passons de ver à son dérivé vermine, nous pourrons ajouter à cette liste des petits rongeurs. Pour Nicot, en effet,ce nom désigne « Toute sorte de petites bestes qui s’engendrent de pourriture, comme poux, pulces, souris et rats ». Lire l’article complet

Une autre idée résiste au temps : celle selon laquelle les vers de terre se reproduiraient spontanément, comme par magie ou enchantement. D’une certaine manière, une partie de ma conférence tient du cours d’éducation sexuelle ! Car, oui, le lombric terrestre a une vie sexuelle à faire pâlir bien des hommes !


Quel est le secret insoupçonné du caca ?

J’étais cette semaine sur RFI pour en parler. Le podcast dure 4 min. Écoutez

Mardi 22 avril est le Jour de la Terre

Tous les 22 avril, depuis le 22 avril 1970, on célèbre la journée internationale de la terre nourricière ; une célébration qui a pris avec le temps la forme d’un éloge funèbre ! En 2023, j’avais enregistré ce podcast pour l’AFP : Pourquoi il faut vénérer les vers de terre

Le 28 février 1970, soit deux mois avant la création aux États-Unis de cet événement planétaire, Georges Pompidou, alors président de la République, prononçait un discours profondément écologiste : « La nature nous apparaît de moins en moins comme la puissance redoutable que l’homme du début de ce siècle s’acharne encore à maîtriser, mais comme un cadre précieux et fragile qu’il importe de protéger pour que la Terre demeure habitable à l’Homme. »

Précurseur, il annonce la création du premier ministère de l’Environnement — chose faite le 7 janvier 1971 (source).
Pompidou, un écoterroriste… ?

Sans oublier le président Chirac et sa célèbre phrase prononcée le 2 septembre 2002, lors du IVᵉ Sommet de la Terre à Johannesburg :
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. »

Ironie de l’Histoire : le parti politique (LR), de ces deux anciens présidents de la République, applaudit aujourd’hui les attaques contre l’environnement… et veut la peau de la police de l’environnement ! Les héritiers ont la mémoire courte.




Ne tirons plus la chasse ! 176 pages. ISBN : 9782379224317
30/01/2025. 18.00 €. Éditions ULMER Fiche éditeur, Libraires en ligne

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