Si l’Occident a misé sur l’innovation, la technologie et l’intelligence humaine pour nous nourrir, l’Orient, quant à lui, continue d’y intégrer l’intelligence de la nature, à l’exemple de la Chine, à la pointe de la recherche mondiale.

Rien qu’en ce début d’année, une recherche sur Google Scholar — un outil permettant la recherche d’articles et de publications scientifiques — la requête « Lumbricus » donne 363 résultats et 3150 avec « earthworm ». C’est considérable. Quant à leur origine, à l’exception d’une cinquantaine provenant du reste du monde… (France, Espagne, Australie, Russie, Brésil…), elles sont chinoises, indiennes…

Avec le Web of Science, une plateforme d’information scientifique, sur la même période et uniquement sur les études publiées dans les revues, on recense 96 publications avec « earthworm » dans le titre, dont 5 françaises ; et 209, dont 11 françaises, avec « earthworm » dans le titre, les mots clés et ou le résumé.

Hallucinant, le dynamisme de la recherche sur ces animaux ! Peut-être motivé par l’urgence de trouver des solutions face au réchauffement climatique, à l’érosion et à la dégradation de la majorité de nos sols nourriciers. Peut-être… Et sans oublier le phosphore, essentiel à la bonne santé des plantes cultivées, qui est en voie d’épuisement. Cf. Ne tirons plus la chasse.

J’ai lu récemment que des chercheurs chinois avaient stimulé la reproduction d’une espèce de ver de terre à l’aide d’une hormone extraite du placenta de juments en gestation… J’y reviendrai dans un autre article, mais leur but était d’accélérer le rythme de leur reproduction pour en faire du « fourrage » pour les élevages industriels de volailles et de poissons !

Sans rentrer dans les détails, c’est historique : la Chine est tout de même le pays de toutes les innovations. Ils ont inventé le papier, l’imprimerie, la boussole, la poudre à canon, la brouette, le cerf-volant… l’acupuncture, les pâtes ! Et contrairement à nous, elle a une très longue histoire agricole.

Quel est l’apport des Européens dans la domestication des plantes sauvages et le développement des techniques agricoles ? Zéro. Le désert, le néant. Nous avons tout importé ou volé, selon le point de vue. Toutes les espèces et les variétés de légumes de nos jardins ont une origine étrangère plus ou moins lointaine. Idem pour les cultures de plein champ : céréales, oléagineuses et betteravières. En revanche, tels des vainqueurs, nous avons écrit l’histoire…

Les barbares de la colonisation ont écrit l’histoire à leur propre gloire, niant volontairement les agricultures orientales, amérindiennes et aborigènes, pourtant cofondatrices de l’agriculture et de l’art de cultiver Quelle tristesse. Illustration.

Une étude signée par 80 scientifiques et publiée dans Science le 30/03/2023 a apporté la preuve que l’art équestre est né en Amérique ! C’est l’analyse ADN d’un cheval retrouvé congelé dans le pergélisol du nord du Canada qui l’a révélé. Dans ces restes, datés de 6 000 à 8 000 ans, les chercheurs ont identifié qu’il avait été nourri au maïs… Preuve que ces peuples cultivaient déjà quand nous en étions encore au stade du silex !

Les chercheurs ont également relevé qu’ils prenaient soin de leurs chevaux et qu’ils avaient développé un savoir-faire équestre. Rappelons que la tradition orale des Indiens Lakotas affirme que le cheval a toujours été à leurs côtés. Ces « Sauvages » disent vrai, c’est nous qui racontons n’importe quoi à nos enfants.

Certaines auteurs affirment que la charrue à versoir métallique aurait été inventée par les Chinois avant d’être importée en Europe au 17e siècle (source). Sur le plan technologique, c’est vraisemblable. Cette même charrue qui leur aurait permis de labourer en courbes de niveau — en suivant les formes des collines — afin de réduire l’érosion de leurs sols. Une info à prendre avec des pincettes, car elle ne fait pas consensus, mais si un jour… Je vous raconte.

Ironie de l’Histoire, en labourant dans le sens de la pente, de nombreux colons des États de l’Est des États-Unis ont vu leur sol emporté par les pluies au 19e siècle. Jusqu’à la faillite, car un sol sans terre nourricière est stérile. En 1910, le Dr Cyril G. Hopkins, chef du département d’agronomie de l’université de l’Illinois, a lancé la première alerte sur l’érosion des sols avec son livre Soil Fertility and Permanent Agriculture. Première fois qu’un scientifique s’inquiétait de la pérennité de l’agriculture. Et nous, Européens, qu’avons-nous fait en réaction ? Nous avons importé ce modèle qui détruit les sols ! Désolé, je ricane bêtement, ça doit être nerveux…

Revenons à notre ver de terre. Depuis 2018 et la sortie de l’Éloge du ver de terre, sa présence médiatique est inouïe. Il est désormais plus présent que l’abeille dans la presse nationale. C’est chouette, mais pas toujours : parfois l’opinion du journaliste l’emporte sur la réalité. Beaucoup pensent qu’en supprimant les pesticides et le labour, on supprimerait les causes de leur disparition. Trop simple, même si l’un et l’autre ne sont pas innocents, ça reste des causes secondaires !

Quant à cette profusion de connaissances sur les vers de terre, elle ne sert finalement à rien… Ces nouvelles données n’ont aucune influence sur les décisions politiques, le développement agricole ou la préservation de leur habitat et des écosystèmes. Non, elles n’alimentent que le circuit fermé de l’univers scientifique.

Je réfléchis à mettre régulièrement en avant les plus pertinentes, afin de leur donner de la visibilité, à l’instar de mon précédent article : L’urine des vers de terre au secours de la biodiversité, une étude prouve l’impact positif de leurs déjections.

Ne tirons plus la chasse ! 176 pages. ISBN : 9782379224317
30/01/2025. 18.00 €. Éditions ULMER Fiche éditeur, Libraires en ligne

1 réflexion sur “La Chine domine la recherche mondiale sur les vers de terre”

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