L’urine humaine comme engrais est interdite en agriculture biologique

Interdite en agriculture biologique, notre urine comme engrais est pourtant autorisée en agriculture conventionnelle ! Va comprendre. L’urgence serait donc de faire changer la loi, qui, une fois de plus… Mais, à ma grande surprise, comme pour les vers de terre, j’ai aussi découvert que nos déjections « souffraient » d’inexistence juridique. Concrètement, ce ne sont pas des déchets ! Alors, c’est quoi ?

Pour alerter, j’ai publié vendredi dernier une tribune dans l’ID, L’Info durable. J’y propose de repenser la gestion de nos déjections ainsi que la législation qui en régit l’usage, car c’est notre souveraineté alimentaire qui est en jeu. À ce sujet, j’ai publié le 28/02/2025 dans Marianne : La souveraineté alimentaire de la France dépend de Moscou ! Extrait :

Comment être souverain en phosphore (phosphates), un micronutriment essentiel à la santé des Hommes et des plantes, et pour soutenir des rendements agricoles élevés, quand les dernières réserves mondiales se situent au Maroc, en Chine, en Arabie saoudite, en Russie, aux États-Unis, au Brésil… Quant à la France, elle a épuisé ses propres réserves naturelles de phosphates au XIXᵉ siècle ! Sans phosphore ajouté, c’est un écroulement de la production.

Tout ce qui vit a besoin de phosphore, tout ce qui vit en rejette. Nos corps en rejettent et nous le jetons à l’égout, en dépit de l’épuisement des dernières réserves mondiales. Et après ? Une fois ces réserves épuisées, d’ici une à deux générations, nul ne sait. D’autant que le phosphore ne peut ni être créé ni synthétisé, contrairement à l’azote, car il provient exclusivement de roches sédimentaires. Le 5 janvier 2024, l’INRAE alertait : « La moitié du phosphore disponible dans les sols agricoles, à l’échelle mondiale, provient des engrais minéraux… » La noble institution concluait sur l’urgence de recycler toutes les matières organiques dans les sols, y compris nos déjections. Lire la suite.

Extrait de ma tribune dans l’ID : Certains avancent qu’il existerait un flou juridique permettant l’usage de nos urines comme engrais en agriculture biologique. Or, un flou juridique supposerait une absence de consensus et des opinions divergentes sur un sujet non tranché juridiquement. Mais il n’en est rien : cette agriculture est strictement encadrée par la réglementation européenne qui interdit leur utilisation. Seuls les excréments d’animaux provenant d’élevages non industriels sont autorisés, et cette interdiction s’étend même aux matières compostées : « Produit obtenu à partir de déchets ménagers triés à la source, soumis à un compostage ou à une fermentation anaérobie en vue de la production de biogaz. Uniquement déchets ménagers végétaux et animaux. » 

Philosophiquement, chacun pense le monde comme il l’entend. Mais juridiquement, non : nous ne sommes pas des animaux et nos déjections ne peuvent être assimilées à des déchets animaux. Déjà que ceux qui rédigent nos lois se croient supérieurs à nous, alors de là à pondre des textes où ils s’assimileraient à des ânes, des moutons ou des poules…

Tout ça pour dire que certains obtiennent leur certification AB en utilisant nos urines comme engrais, simplement parce que leur certificateur considère que l’Homme est un animal comme les autres ! Plutôt que de contourner la loi en la surinterprétant, il serait plus pertinent de créer une dynamique pour la changer. En sensibilisant des parlementaires pour qu’ils portent ce projet.

J’ai écrit en ce sens à plusieurs acteurs engagés dans l’urine comme engrais, afin que nous fassions bloc. Silence radio ! Attention, pré carré…



Ne tirons plus la chasse ! 176 pages. ISBN : 9782379224317
30/01/2025. 18.00 €. Éditions ULMER Fiche éditeur, commander
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