Ce lombric terrestre a été tué par un oiseau. D’un coup de bec près de la tête, le sang coulait quand je l’ai trouvé. C’est sûrement l’œuvre d’un rouge-gorge qui, surpris, a abandonné sa proie. Un merle l’aurait emporté tel quel, mais vu le poids, le rouge-gorge est obligé de le découper sur place pour le transporter dans son nid.
Propulsé par 4 ou 5 paires de cœurs selon les espèces, du sang coule dans ses veines. Il possède également une vessie et une ou plusieurs paires de reins qui filtrent son sang pour en extraire en particulier l’urée (l’azote), ce pour quoi nos urines respectives en sont riches. Finalement, nous avons plein de points communs… 🤣 Désolé de nous ramener les pieds sur terre.
Éloge du ver de terre n°2 – 2023
Extrait de ma conversation inédite (ou imaginaire…) avec l’un d’eux 😉 Le ver de terre : « Comme vous, du sang qui coule dans nos veines. »
— Évite de nous comparer.
🪱 « Pourquoi ? »
— On n’a pas gardé les cochons ensemble.
🪱 « Nous sommes tous des animaux. »
— Petite nuance, nous avons un cerveau.
🪱 « Nous aussi. »
— Nous avons un cerveau développé.
🪱 « C’est petit. »
— Vous avez aussi un jabot et un gésier comme les poules !
🪱 « Mais pas de bec. »
— Ni d’ailes… je te laisse terminer ta plaidoirie sur les cochons. Tu sais qu’ils sont fous de vous 🤣
🪱 « Je sais… les poules aussi, tout le monde veut notre mort. »
— Votre chair est très recherchée, c’est flatteur.
🪱 « Quand vos petits loups s’en délectent… »
— N’importe quoi, nos enfants ne se délectent pas de vers de terre !
🪱 « Je reprenais juste mon histoire cochonne. »
— Cochonne…😁
🪱 « Quand vos petits loups s’en délectent, savent-ils… La suite dans le livre
Un animal à sang froid !
Comme tous les animaux, en dehors des oiseaux et des mammifères, le ver de terre est un animal à sang froid.
Extrait de l’Éloge du ver de terre (2018) : Tout est possible dans la nature, il y a des êtres vivants à sang chaud, d’autres à sang froid, d’autres dont le sang est appelé sève. Des êtres qui peuvent vivre éternellement, c’est-à-dire non génétiquement programmés pour mourir comme certains arbres, et d’autres dont la vie est aussi brève qu’un vol de luciole. Il y a des animaux à sang chaud ou froid qui doivent sans cesse s’alimenter pour rester en vie comme l’humain ou l’abeille, et il y a des êtres vivants à sang chaud ou froid qui peuvent cesser de s’alimenter comme le lombric terrestre. C’est la génétique d’un individu qui fait coexister tous ces possibles.
Le repos du guerrier
Extrait de Sauver le ver de terre (2020) : Ce qui nous différencie fondamentalement de la machine, c’est qu’une fois le moteur coupé, une voiture peut se conserver quasi indéfiniment si elle est stockée au sec, contrairement au moteur humain. Mais tous les corps ne sont pas égaux pour autant, et pour rester en vie, les animaux à sang chaud doivent sans cesse s’alimenter pour maintenir leur température corporelle contrairement à ceux au sang froid qui n’ont qu’à cesser leurs activités. Mais comme tout est possible dans la nature, il y a aussi des animaux à sang chaud qui cessent de s’alimenter pendant des mois et qui restent en vie, et des animaux à sang froid qui doivent sans cesse s’alimenter pour rester en vie. Comme l’abeille qui n’hiverne pas contrairement à la marmotte. Certaines bactéries peuvent modifier leur métabolisme cellulaire pour s’enkyster parfois pendant plusieurs dizaines d’années et ainsi vivre au ralenti lorsque les conditions extérieures leur sont défavorables. Une position économique qui leur permet de continuer à vivre longtemps. Le scientifique nomme ces états d’activité biologique réduite, la quiescence ou la diapause suivant la cause : « La diapause est une pause, une forme de vie ralentie, déclenchée par des conditions défavorables (sécheresse, froid, durée ou lever du jour…). « Un des mécanismes biologiques d’adaptation au milieu les plus élaborés » pour Bernard Mauchamp, directeur du Laboratoire de physiologie de l’insecte de l’INRA. Et elle « se distingue de la quiescence, une autre forme de vie ralentie déclenchée par des facteurs défavorables au milieu, et qui cesse dès le retour des conditions favorables. ». Ainsi, quand un ver de terre se met en pause, il s’enroule pour limiter sa déshydratation et attendre des jours meilleurs. Et, en dehors de la diapause, les deux moments qui l’obligent au repos forcé sont quand la température est élevée et le temps sec, ou quand la température est basse.
🪱 Pour nous soutenir
L’éloge du ver de terre N°1 est épuisé et ne sera jamais réédité. Le N°2 devrait être épuisé d’ici cet été, quid de la suite ? Les livres sont notre seule source de financement, en libraire ou dans notre boutique.