En 2018, je l’avais comparé à un élastique qui se détend dans mon premier Éloge du ver de terre. Mais attention, ce comportement est spécifique au seul lombric terrestre, Lumbricus terrestris, une espèce facilement reconnaissable à son cul plat comme une queue de castor. Sauf que chez le castor, l’anus se trouve avant la queue… Comme nous et les grands singes, les Hominidés, le corps du ver de terre se termine donc par la bouche de sortie de son intestin.
Une espèce à part
Si particulière qu’elle vit dans un terrier comme un renard, c’est la seule espèce capable de tirer des morceaux de bois : la preuve en images. La plus forte du monde derrière certaines espèces de bousiers et de fourmis, elle peut tirer environ 50 fois son poids… la seule qui cultive sa nourriture ! Pour toutes ces raisons, j’avais choisi d’en faire ma star dans mes Éloge de 2018 et 2023.
2023 : Ça peut surprendre, mais le lombric terrestre et le renard atteignent leur maturité sexuelle au même âge ! Et ils vivent à peu près aussi longtemps à l’état naturel ! On qualifie leurs galeries de terriers, puisqu’elles sont « aménagées . La comparaison s’arrête là, le lombric terrestre sachant faire ce que le renard ne sait pas : cultiver sa nourriture !
Lecteur, je confesse vouloir t’appâter comme un pêcheur à la ligne, mais cette info aux apparences tapageuses est connue depuis 1842 ! J’aurais pu également t’attirer dans les mailles de mon filet en te disant que le ver de terre butine comme l’abeille, mais tu m’aurais pris pour un marchand de tapis. Et pourtant, ces 20 dernières années, plus de 300 expériences dans le monde ont conclu… » La suite dans le livre
Nez à nez
Quand je suis tombé cette semaine nez à nez sur un accouplement, j’ai filmé ce que j’avais décrit dans l’Éloge du ver de terre 2018.
« Chez le lombric terrestre, on s’accouple nu comme un ver sur le sol. Ou dans le sol. Pas de brutalité ni de pluralité, on fait les choses à deux. À deux, mais sans papa ni maman puisqu’ils sont tous bisexuels ! Enfin, alternativement mâle et femelle comme tous les hermaphrodites protandres. Et dire que j’ai dû attendre ma 55e année pour assister à leurs ébats langoureux ! Platement, j’avoue avoir fait un bond quand j’ai voulu les toucher. Pas pour participer… je ne suis pas zoophile, mais dès que mon doigt a effleuré l’un d’eux, comme deux élastiques tendus à bloc, ils se sont détendus pour réintégrer leur galerie respective. Jamais je n’aurais pu imaginer une telle vivacité. Très impressionnant. » Regardez.
« Prends ça dans le cornet ! »
2018 : « À ma connaissance, ni caca ni pipi dans les pratiques sexuelles du ver de terre, seulement beaucoup de questions sans réponses. Par exemple, comment savent-ils que leur voisin de palier a la même envie qu’eux au même moment ? J’écris voisin de palier, parce que le ver de terre baise avec sa voisine. Le premier voisin qui sort la tête de son trou, pan : prends ça dans le cornet, voisine. Pour ceux qui commencent bêtement à s’exciter, je rappelle que sa voisine est un voisin. Mais une chose en entraînant une autre… » Extrait du tome 1. Il est épuisé et ne sera jamais réédité.
L’appel du ver de terre
Mon premier (2018) a été écrit pour les citadins, mon second (2020) était sur le premier éloge (1881) de Charles Darwin, le second Éloge (2023) est en même temps une suite du premier et une profonde mise à jour, un ouvrage plus agricole. J’ai assez de matière pour en écrire un dernier qui pourrait s’appeler L’Appel du ver de terre, tel une dernière bouteille à la mer pour expliquer sous un autre angle que notre futur dépend de l’avenir de son habitat.
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