Tuer les renards, la science dit non ; c’est la loi qui est nuisible

Tuer systématiquement les renards, c’est comme tuer les abeilles ou les vers de terre. Ni les uns ni les autres ne se mangent, cette activité va à contresens, et elle est même contre-productive pour les chasseurs ! Sauf si le projet est de les exterminer, comme certains le réclament pour les loups, la loi est muette à ce sujet.

Quant au prétexte de santé publique, qui justifierait de les abattre massivement, la très sérieuse Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, l’ANSES, un établissement public reconnu mondialement pour ses expertises, elle l’a balayé d’un revers en juin 2023 dans un épais rapport de 220 pages : plus rien ne justifie de les abattre pour « des motifs globaux de santé publique, humaine comme animale. » (source)

On parle d’un demi million de canidés abattus par an

Le renard peut capturer jusqu’à 20 « souris » par jour

Le renard roux n’est pas un carnivore au sens strict, les canidés n’étant pas des félins, ils se nourrissent de tout ce qu’ils trouvent : fraises, framboises, pommes… mais aussi coléoptères et vers de terre ! Ils peuvent s’en enfiler jusqu’à 4 à la minute. Ah, les barbares… de vrais blaireaux : Mais leur péché mignon, c’est le sang frais des souris.

Le mot « souris » désigne ici un ensemble de petits rongeurs végétariens (campagnols, mulots…) À partir de l’analyse de leurs contenus stomacaux, nous savons que 80 % de leur alimentation en est constitué (source). Soit 145 kg par an ou 3.000 têtes de « souris », parfois le double, sur les 180 kg de nourriture ingurgitées par le renard.

Des « souris » qui mangent jusqu’à 50 kg de plantes par an !

Pour faire simple, en agriculture, les animaux végétariens se nourrissent des cultures quand les animaux carnivores et omnivores se nourrissent de leurs collègues végétariens… À la louche, un végétarien consomme entre 50 et 100 % de son poids tous les jours. Et plus il pèse lourd, plus il consomme, à l’instar du campagnol terrestre, Arvicola terrestris, qui peut manger jusqu’à 50 kg de végétaux par an.

Des « souris » dotées d’un bel appétit sexuel

Mon point de vue est strictement agricole

Sans vouloir les mettre en concurrence, nous avons d’un côté le loup et l’ours dont les dégâts agricoles coûtent des millions d’euros tous les ans, de l’autre, un auxiliaire précieux pour une agriculture durable et qui est pourchassé tout l’année comme la pire des espèces. Et pourquoi la politique qui s’applique à l’ours et au loup ne s’appliquerait-elle pas au renard ? Pour service rendu à la Nation, l’État indemnisant les rares dégâts qu’il peut commettre chez les éleveurs de poules en plein air.

Parlons chiffres !

L’agriculture contemporaine favorise les souris au détriment de ceux qui s’en nourrissent. L’arrachage des haies et des bois a donné un avantage considérable aux rongeurs, de même que le non-labour et les couverts permanents. Et autant on peut facilement les trapper pour les réguler dans un jardin, autant en agriculture, quand le renard se fait rare, seule la charrue permet de bouleverser leur habitat et limiter leur développement. En non-labour et dans les prairies permanentes, on a recours (avec autorisation) à du poison, mais une fois ingurgité, il contribue à empoisonner leurs prédateurs. Pas mieux en bio où on utilise du tourteau de ricin (sans autorisation) pour les empoisonner, une chaîne sans fin.

Selon les régions et les itinéraires techniques, la seule présence de maître renard et de son orchestre permet à l’agriculteur d’économiser la somme de 2 400 € par an. A méditer.


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