Le bleuet est indissociable du bleu comme le rose de la rose ou le violet de la violette. Et pour le découvrir, quelle meilleure entrée que de commencer par sa couleur, ce bleu qui attire notre œil comme celui des pollinisateurs !
Texte extrait d’un livre de Sylvie Corré : ISBN 978-2953948943 – 2017, le seul ouvrage consacré à cette plante, en librairie, à la Fnac, sur Amazon, ou voir offre en bas de l’article. Le bleuet est très facile à cultiver, peu exigeant, économe en eau et très résistant au froid. Un petit secret pour étaler sa floraison : le semer en automne et deux fois à un mois d’intervalle au printemps. Et à chaque fois, couper une partie des pieds avant leur floraison afin de la retarder.
Toutes les sociétés utilisent les couleurs pour véhiculer leurs codes et valeurs, parce que la couleur est avant tout culturelle. Des couleurs qui ne produisent que des impressions, des sensations et des sentiments, mais qui influencent sans cesse tous nos faits et gestes.
Le bleu est la couleur de la soumission
Les couleurs se mêlent insidieusement à notre quotidien, au point que nous les classons comme chaudes ou froides : les couleurs chaudes dont les fréquences électromagnétiques tendent vers les infrarouges, et les couleurs froides dont les longueurs d’ondes les plus courtes tendent vers le bleu et les ultraviolets. Or, la couleur bleue, considérée aujourd’hui comme froide, était perçue comme chaude jusqu’au XVIIe siècle selon le spécialiste de la couleur Michel Pastoureau, auteur du livre paru en 2000 : Bleu. Histoire d’une couleur.
Tout est une question de culture, et de ce fait, nous devons admettre qu’avec les couleurs, nous baignons dans le monde du subjectif. Outre d’être une solide entrée pour décrypter les codes sociaux, il ne faut pas pour autant réduire une couleur à sa seule couleur… et chacune doit toujours être vue et décryptée en fonction des autres.Par exemple, il est évident que le bleu s’oppose au rouge, au orange et au jaune, ces couleurs voyantes qui tranchent. À l’instar du noir, le bleu permet de se fondre dans le moule social pour passer inaperçu. Couleur de la soumission par excellence, elle représente l’honnêteté, l’ordre, la discipline et la paix.
Une couleur de second plan en Occident
Pour Michel Pastoureau, le bleu a été pendant très longtemps considéré comme une couleur de second plan en Occident, contrairement aux autres couleurs comme le rouge, le blanc et le noir :
« Cette couleur, pourtant largement présente dans la nature depuis la naissance de la Terre, est une couleur que l’être humain a reproduite, fabriquée et maîtrisée difficilement et tardivement. C’est peut-être ce qui explique pourquoi en Occident le bleu est resté une couleur de second plan, ne jouant pratiquement aucun rôle ni dans la vie sociale, ni dans les pratiques religieuses, ni dans la création artistique ».
Puis, il précise qu’avant le IXe siècle, il n’est pas aisé d’interpréter ou de traduire le bleu. D’abord, parce que peu de traces sont parvenues jusqu’à nous, ensuite, parce que cette couleur n’existait ni dans les usages du quotidien ni dans les représentations ; aucune trace de bleu n’ayant été trouvée dans les peintures pariétales en Occident. Par contre, en Orient et en Afrique, de nombreuses traces datant de l’Antiquité ont été découvertes. Là où pousse l’indigotier dont est issu l’indigo qui donne cette belle couleur bleue. Mais c’est surtout dans l’Ancienne Égypte que le symbolisme du bleu était particulièrement puissant, car il était associé à la prospérité tout en éloignant les forces du mal…/…
Du bleu au bleuet
Le fruit du bleuet s’appelle… son fruit bleu noir est trompeur, puisqu’au Québec, une plante de la même famille que nos myrtilliers et qui produit des baies de la même couleur, s’appelle un bleuet, et ses champs, des bleuetières. Ainsi, une bleuetière n’est pas un champ de bleuets mais de plantes vivaces de la famille des vaccinium ; le bleuet n’étant pas une plante vivace mais une plante annuelle, c’est-à-dire qui meurt après sa floraison. Il semblerait qu’en Amérique du Nord, on désigne par le mot bleuet, les plantes du genre Vaccinium : bleuet à feuille dentelée, vaccinium angustifolium ou airelle à feuilles étroites ; bleuet à corymbes, vaccinium corymbosum ou myrtille américaine, bleuet sauvage, vaccinium myrtilloides ou airelle fausse-myrtille…/…
Mais le bleuet du Vieux Continent n’a pas besoin de monopoliser toute son énergie à faire des fruits, puisque ses graines sont munies d’une aigrette qui permet au vent de les disperser autour de lui. Une aigrette étant en botanique, une petite touffe de filaments implantés à une extrémité de la graine. Elle fait office de volant pour éloigner la graine de la plante mère afin de la ressemer plus loin pour coloniser le territoire. Quant à la couleur de ses fleurs qui leur a donné son nom, toutes ne sont pas bleues…/… la suite dans le livre
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