Pour clore la saison 8 de ce blog, des extraits de mon audition du 22 juin à l’Assemblée nationale dans le cadre de la mission parlementaire sur la biodiversité dans les paysages agricoles (source). La saison 9 débutera mi-aout avec : « Les petits z’écolos deviendront grands, rencontre avec Cécile Miraglio, créatrice de livres pour les petits. »
L’agroécologie, c’ quoi
L’agroécologie, c’est l’agriculture ancestrale enrichie des connaissances scientifiques les plus récentes sur les sols et les écosystèmes. A l’inverse des autres agricultures qui la considèrent comme archaïque et périmée. Extrait d’une tribune publiée en juin 2022 dans Marianne : « L’agroécologie incarne à nos yeux une agriculture en harmonie avec la nature, une agriculture écologique et respectueuse de l’environnement. La loi dit qu’elle doit allier performance économique et compétitivité dans un contexte de compétition internationale. À savoir qu’elle doit rester intensive, conventionnelle… Lire plus
Il y a 2 types d’agricultures
Celle qui utilise des engrais et des pesticides chimiques et qui tend à artificialiser les sols, et celle qui utilise des engrais et des pesticides biologiques et qui tend à les préserver. À cela, il faut apporter de la nuance, l’agriculture n’étant qu’une question de compromis, un agriculteur en biologie qui ne nourrirait pas son « sol » l’artificialiserait… contrairement à un agriculteur non bio qui le nourrirait en pratiquant la technique millénaire des intercultures.
Toutefois, on peut affirmer que l’agriculture biologique, quand elle est labellisée ad minima AB et qu’elle intègre les intercultures et un labour non systématique et « slow down », et uniquement à cette condition, cumule l’ensemble des bonnes pratiques agroécologiques.
Quelles sont les pratiques agroécologiques favorables à la biodiversité ?
C’est la 6e question posée par les parlementaires. Ma réponse : Énumérer des pratiques agroécologiques réclame au préalable de définir ce qu’est l’agroécologie. Plusieurs définitions circulent, je m’en tiendrai à celle dont les contours ont été définis par la Loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 et qui est soutenue par les pouvoirs publics. À savoir que les pesticides et les engrais chimiques sont autorisés en agroécologie pour soutenir les hauts rendements, à savoir qu’à l’instar des carburants verts pour verdir l’aviation, la loi en vigueur verdit des pratiques, mais en dehors de repeindre la façade, le fonds reste inchangé.
Comment mettre l’agroécologie en œuvre ?
La première condition est politique, la France doit d’abord se doter d’une vraie loi sur l’agroécologie afin d’en dresser des contours solides.
La seconde condition est politique… il faut arrêter de mettre la pression sur les agriculteurs en les obligeant à produire toujours plus. Il faut aller vers un revenu universel pour les agriculteurs afin de diminuer cette pression. Il faut revoir le système des subventions agricoles qui favorisent l’agro-industrie et la spécialisation des exploitations au détriment de l’agro-sylvo-pastoralisme, seul modèle agricole durable. Le problème est politique, le reste accessoire.
Ce qui n’est pas nommé n’existe pas
La diversité biologique souterraine, dont les vers de terre, n’est nommée ni dans la Constitution française (Charte de l’environnement) ni dans notre environnement juridique. Sachant que ce qui n’est pas nommé dans la loi n’existe pas, cette diversité, qui fait exister les sols nourriciers et rend un pays souverain, n’existe pas ! Lire l’audition complète
Et les nouvelles ne sont pas bonnes
Car, dans son nouveau plan de sauvegarde de la biodiversité, publié cette semaine (SNB 2023/2030), le Gouvernement n’a nommé ni les vers de terre ni la biodiversité souterraine. Quant à l’agroécologie, l’une de ses mesures phares, il veut l’accélérer : » ACCÉLÉRER LA TRANSITION AGROÉCOLOGIQUE. Un nouveau plan Ecophyto sera engagé fin 2023, aligné avec l’objectif promu au niveau européen de réduction de 50 %, d’ici 2030, des usages et de l’exposition aux produits phytopharmaceutiques. »
Outre que la phrase est alambiquée, l’objectif est donc de promouvoir une idée au niveau de l’UE… Faudra juste qu’on m’explique, si cette idée est validée, comment, au niveau d’une exploitation agricole, on mesure une réduction à l’usage et l’exposition. Par exemple, un néonicotinoïde en enrobage permet de réduire 50 % de l’usage et l’exposition… Idem pour les OGM qui permettent de réduire l’usage et l’exposition aux pesticides…
En conclusion
Rien de nouveau sous le soleil, on s’enlise tous les jours un peu plus sous un soleil de plomb en donnant l’illusion au Peuple de se désembourber 😪
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