Nous assistons depuis quelques années à la plus grande opération visant à saboter l’agriculture bio. Jamais d’attaques frontales, seulement des insinuations pour jeter le doute et la jeter aux chiens. L’idée est d’assimiler les agriculteurs en bio à des escrocs écolos. Des extraits falsifiés d’études scientifiques circulent même sur Twitter dans le but de le prouver. Pire, on prétend qu’ils mettraient en danger la souveraineté alimentaire de la France, un argument récurrent. Pire encore, ils contribueraient à la déforestation !
En effet, une étude scientifique publiée en 2018 par la célèbre revue scientifique Nature atteste que l’agriculture biologique serait synonyme de déforestation ! À retrouver dans l’Éloge du ver de terre, tome 2.
Cash Investigation. Alerte sur le bio !
Le résumé de France 2 : « Bio ne signifie pas sans pesticides : des centaines de produits d’origine naturelle sont autorisés en agriculture biologique pour les traitements. » Comprenez des centaines de pesticides ! Les firmes du pesticide applaudissent, leur syndicat a fait du bon boulot, diffusion mardi 6 juin à 21h10.
La chaîne organise également ce soir-là un grand débat sur le sujet, mais sans inviter un seul agriculteur en bio ! En revanche, Élise Lucet a convié un viticulteur pro pesticides en agriculture HVE (Haute Valeur Environnementale), par ailleurs syndicaliste et homme politique. Parmi les autres invités, l’animateur vedette de l’émission Silence ça pousse sur France 5 et le fondateur de l’organisme de formation à la permaculture du Bec Helloin, histoire de bien boboïser l’agriculture biologique. Pour rappel, même la puissante FNSEA a un département bio qui défend farouchement ses adhérents en bio. (source)
L’agriculture bio a-t-elle encore un avenir ?
C’est le titre d’une émission diffusée le 19 mars dernier sur Arte. Une fois de plus, aucun agriculteur bio n’a été invité à participer au débat. Seulement 2 invités : un communiquant pro-pesticides et coauteur entre autres de, Bio Fausses promesses et vrai marketing, et une députée européenne des Verts. Bref.
Les pesticides ont mauvaise presse, l’opinion publique les rejette, mais ils ont aussi des médias qui les soutiennent. À l’exemple du Point ou de l’Opinion : Les pesticides, « est-ce mal ? Non. Cela évite de devoir déforester pour augmenter les surfaces cultivées. » Souvenez-vous du terme « écoterroriste » cher à notre ministre de l’Intérieur. Quelques jours après l’avoir prononcé, Le Point accusait les écologistes de déconstruire l’agriculture… Lire ma réaction dans Marianne le 14 février dernier.
L’agriculture régénératrice,
le nouvel eldorado des pro-pesticides
Elle se présente comme plus bio que la bio, plus écologique que l’agroécologie, malgré l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques, il s’agit de l’agriculture régénératrice, connue également sous le nom d’agriculture de conservation. Sur le site d’Agriculture du vivant, on peut lire au sujet de la régénération : « En termes de traitements et de fertilisation des sols, par exemple, il est recommandé de limiter les produits phytosanitaires et les engrais chimiques… » « Recommandé » n’est pas synonyme d’obligation… Loin du bio et pas mieux que que le concept d’agriculture raisonnée des années 70. Bien entendu, très naïf sur ces sujets, le média de l’écologie, Reporterre, est tombé dans le panneau en titrant il y a quelques jours : « En Andalousie, l’agriculture régénérative s’épanouit sur des sols asséchés… » S’épanouit !!!
Quels sont les enjeux ?
Les lobbyistes ont bien tenté de se verdir en associant les pesticides à l’abondance d’un Jardin d’Éden, mais la mayonnaise n’a pas pris. Alors ils ont décidé de noircir l’agriculture biologique pour l’affaiblir, voire l’anéantir. Car les enjeux sont énormes. L’industrie des pesticides représente en France 6 000 emplois, près de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 200 millions d’investissements pour 16 milliards dans le monde. 19 multinationales (aucune d’elles n’est française) contrôlent 96 % du marché et elles sont soutenues par un syndicat lourdement doté pour défendre leurs intérêts (source).
En conclusion
Certes, l’agriculture biologique n’est pas parfaite, mais l’ONG Générations Futures a noté que 224 pesticides chimiques sont classés dangereux contre 17 pesticides biologiques (source). Il n’y a pas photo… 😉
Par ailleurs, le recours aux pesticides n’est pas systématique en agriculture biologique contrairement à l’agriculture conventionnelle ou régénératrice. Mais le point fort des pesticides biologiques, comparé aux chimiques, c’est leur faible persistance dans l’environnement. En outre, vous ne retrouverez jamais un seul métabolite d’herbicide provenant de l’agriculture bio dans votre eau de boisson. Pour une raison simple : l’agriculture biologique n’en est utilise pas. Et à une heure où l’UE vient de ré-autoriser le S-metolachlore, un herbicide suspecté cancérigène et dont les métabolites se retrouvent dans toutes les eaux potables (source), comment peut-on encore mettre l’agriculture biologique sur le même plan que les autres agricultures ?
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S’il y a beaucoup à redire sur le reportage, j’ai trouvé le débat plutôt à la hauteur de la complexité du sujet et Sophia dg de la Fnab y a beaucoup contribué.
Désolé Christophe, je n’ai pas pu résister, jai regardé !
https://youtu.be/lJoO8hWWC3U
Une vidéo très intéressante de Blast, au contraire des émissions citées…
Très bien vu Christophe…
Joseph Pousset