Manger par les pieds, quelle drôle d’idée, d’autant plus que les plantes et les arbres mangent en « buvant » ! Animal, végétal, 2 modes d’alimentation radicalement différents : les uns mangent par la tête, les autres par les pieds !
La plante boit pour se nourrir, réguler sa température, faire circuler son « sang », capturer le CO2 et le transformer en oxygène et en glucose pour se développer. La plante est assignée à boire tout au long de sa vie, et si elle manque d’eau, elle stresse parfois jusqu’à rendre l’âme. Et bien qu’elle puisse survivre avec très peu d’eau, comme un animal peut survivre avec la peau sur les os, elle perd sa fonction nourricière. Voici la conclusion d’un article qui sera publié la semaine prochaine dans l’Agora de Marianne.
Hier, 22 avril, c’était le jour de la Terre, la Journée internationale de la Terre nourricière (source), un évènement mondial célébré pour la première fois le 22 avril 1970 aux États-Unis. À cette occasion, l’AFP a offert un piédestal aux vers de terre : écoutez.
Les gens rêvent d’une agriculture sans eau ajoutée,
les rêveurs… l’irrigation est quasiment née avec l’agriculture
Certains marchands de rêve soutiennent qu’on pourrait même « apprendre » aux plantes à consommer moins d’eau ! À être plus sobre… Mais voilà, quand elles en consomment moins que de besoin, leur « respiration » est plus lente, leur « sang » circule moins vite, leur développement est affecté, elles stressent et se concentrent pour se reproduire au plus vite. Faites l’essai avec des plantes en pots au pic du soleil. Mesurez le taux d’humidité et vous verrez qu’en dessous qu’un certain %, toutes les plantes meurent sauf le maïs, le sorgho et les plantes grasses… Puis, c’est au tour du maïs et du sorgho, les plantes dites grasses ayant un métabolisme adapté aux sécheresses extrêmes, outre de pouvoir « stocker l’eau ».
Plus une plante transpire,
plus elle aspire d’eau dans le sol
Et plus elle en pompe, plus elle grandit, se développe et capture de carbone atmosphérique. Sachant qu’elle transpire 80 % de l’eau aspirée, les 20 % restant sont affectées à sa photosynthèse, un processus biochimique qui utilisent l’énergie de la lumière pour convertir H20 et de CO2 en glucose et oxygène. Raison pour laquelle, l’agriculture, ce n’est pas de la magie, mais de l’énergie et des transferts d’atomes : il faut X molécules d’H20 et de CO2 pour produire X kg de biomasse.
N’oublions jamais que l’eau est aussi une nourriture pour la plante, outre que la cellule, la brique universelle de tous êtres pluricellulaires (vous, moi, le ver de terre, le coquelicot ou le chêne) doit sans cesse baigner dans l’eau sous peine de mort. Et enfin, de l’énergie thermique, de l’eau, la lumière et la matière, les mamelles du développement cellulaire, seule H20 permet de révéler le potentiel génétique d’une plante.
Quelques chiffres clés
« Au cours d’une journée ensoleillée, sans déficit en eau dans le sol, la transpiration d’un peuplement est typiquement de l’ordre de 2 à 4 mm/jour (20 à 40 m3 d’eau/ha). » (source INRAE) Le mm est une unité de mesure qui correspond à un litre d’eau par m². Qu’importe la densité, 100 jeunes arbres ne transpireront pas plus que 10 gros. De 2 à 4 mm/jour, un ha émettra donc de 20 000 à 40 000 litres d’eau dans l’atmosphère.
À l’échelle d’une année
« Durant la saison de végétation (avril/mai – septembre), le maïs et le pommier perdent par évapotranspiration 400 – 500 mm d’eau, le pois 360 – 400 mm et la prairie 310 – 330 mm. Les plus élevées quantités d’eau sont perdues en juin – juillet, mois avec une activité végétale intense. » (source)
Le maïs = 5 millions de litres transpirés pour 6,25 millions pompés. Le riz, c’est 3 fois plus, le soja, 2 fois… : cf. données CNRS. Le pois = 4 millions transpirés pour 5 millions pompés, une prairie = 3,2 millions, une forêt lambda, environ 2,2 millions pour 2,6 millions d’eaux pompées dans le sol.
Raison pour laquelle un champ de maïs produit 2 fois plus d’oxygène qu’une forêt ! C’est drôle les idées reçues. De plus, le maïs était autrefois cultivé comme fourrage pour les animaux, car c’était la seule plante à rester encore verte au mois d’août sans irrigation, les années de sécheresses. À dimanche prochain 😊
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