Accorder une personnalité juridique au ver de terre est le seul moyen de le protéger. En effet, tout comme un château, ou un tableau, la loi française devrait le voir comme un patrimoine national. Or, aux yeux de la loi, le ver de terre et son habitat, les sols nourriciers, n’existent toujours pas ! Extrait de l’Éloge du ver de terre n°2.
Rappelons qu’à l’image de la déforestation, la destruction de l’environnement repose sur l’inexistence juridique de la Nature. Notre combat devrait se concentrer sur faire exister, le reste n’est que perte de temps, nous préférons le perdre.
La personnalité juridique, c’ quoi ?
Le Code civil ne définit pas la personnalité juridique en tant que telle, mais on peut dire que c’est l’aptitude à avoir des droits et des devoirs. Pour faire simple, vous et moi en avons, un esclave n’en avait pas. Une entreprise a des droits, une rivière n’en a pas. Or, pour qu’elle puisse faire correctement son « devoir »… irriguer une région et faire vivre la biodiversité aquatique, souterraine et aérienne, il lui faudrait des droits en amont. La Nouvelle-Zélande et l’Inde sont pionnières dans ce domaine. Le fleuve Whanganui en Nouvelle-Zélande a les mêmes droits qu’une personne depuis 2017. Le droit de vivre et d’être défendu devant les tribunaux. En Inde, Le Gange et le Yanuma ont obtenu le même statut.
Sans droit, aucun devoir
Pour qu’un ver de terre puisse son « devoir »… comme labourer les sols et nourrir les plantes qui nous nourrissent, il lui faudrait ad minima des droits pour le remplir. Extrait de l’Éloge du ver de terre n°2 :
Depuis 2016, j’ai envoyé beaucoup de lettres pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur l’inexistence des vers de terre dans le droit. Il y a un vide juridique. Sans droit comme le confirme la Constitution française, même leur habitat n’existe pas : les mots sol, terre et humus étant absents des textes ! Sans droit, aucun devoir, nous parlons bien de ces sols qui nous nourrissent. Et que dit à ce sujet la Charte de l’environnement, cette brique de la Constitution française depuis 2004 : « L’environnement est le patrimoine commun des êtres humains. » Elle dit aussi qu’aucune loi ou directive de l’État ne peut lui tourner le dos.
L’absence de directives fait droit
Par exemple, la loi dit que la maltraitance animale est interdite, punie jusqu’à 5 ans de prison, sauf pour les animaux sauvages ! La loi autorise donc la maltraitance sur les sauvages, sauf s’ils sont domestiqués ou détenus à l’exemple des zoos. Mais s’ils sont vraiment sauvages sauvages… pas de souci, sauf s’ils sont protégés, la loi interdisant strictement la maltraitance sur les animaux sauvages protégés. En revanche, la double peine pour le renard, sauvage et nuisible, alors que c’est un précieux auxiliaire agricole… sauf pour les éleveurs de poules.😁 Lire : Pourquoi la destruction des renards accélère l’effondrement de la biodiversité.
Aujourd’hui, le Gouvernement argue que la reconnaissance juridique des vers de terre affaiblirait notre agriculture. Amen !
La suite de l’Éloge du ver de terre est sous presse. Sortie le 10 avril.
Bonjour, je suis entièrement d’accord avec vous . Je suis effarée du nombre de manifestations et manifestants pour les retraites et …..pour la défense du climat par exemple. J’ai l’impression que les citoyens s’occupent du caillou dans leur chaussure mais pas du rouleau compresseur qui s’apprête à les broyer.
Pour échapper au rouleau compresseur il faut pouvoir courir !
Je pense que cette idée de statut juridique est bonne mais très difficile à concrétiser pour le moment
Joseph Pousset