La disparition des vers de terre est un choix politique assumé et revendiqué

Voyons-nous le ver de terre autrement que comme un être placé très bas dans l’échelle des êtres organisés ? Un animal inférieur à un insecte comme l’abeille : gluant, moche et préjugé coupable par notre imaginaire. Le seul usage que l’on ait fait des vers de terre jusqu’au XIXe siècle, outre de les utiliser comme appât pour la pêche, c’était de les réduire en poudre pour soigner les blessures ou la jaunisse. En 2024, ce n’est guère mieux : nous les réduisons au néant.

De même qu’un insecte sur quatre est en France à l’origine de la plupart des fruits et graines, et que quatre cultures sur cinq ont besoin des abeilles, toutes ont besoin des vers de terre et des microbes souterrains. Si nous avions réellement conscience de l’importance de toutes ces petites bestioles diverses et variées, nous les préserverions. Or, sans état d’âme, nous coupons la branche sur laquelle repose l’unique source de notre alimentation ! Plus qu’un choix politique, la disparition des vers de terre est un choix civilisationnel.


L’actualité de la Ligue

Cette semaine, j’ai été interviewé par une journaliste de RFI. Pas de confusion, il s’agit bien de Radio France Internationale, la France Bleu mondiale, et non de la radio de la France Insoumise… Titre de son article : Les vers de terre, ces ingénieurs géniaux des sols.

Dans ce cadre, un autre intervenant affirme que « l’ensemble du sol repasse par le tube digestif des vers de terre tous les trois à cinq ans ». Cette information n’est pas scientifique et elle est aussi aventureuse que de dire que la totalité des océans passerait par les branchies des poissons tous les 10 000 ans.

De plus, affirmer que les vers de terre font remonter la fertilité à la surface des sols n’est pas mieux, car, en dehors de quelques espèces classées anéciques et épi-anéciques, la majorité des vers de terre ne sont ni tunneliers ni ne remontent à la surface : ils restent sagement dans leur « couloir de nage » en avalant la terre pour en digérer la matière organique.